Interview de Patrice Dehez (joueur) & Sullivan Martinet (joueur) du Stade Bordelais

par Le Mag de l'Educateur

Dans le football moderne, l’accompagnement individuel occupe une place grandissante dans la progression des joueurs. Patrice “Pitt” Dehez, joueur et éducateur au Stade Bordelais, s’est spécialisé dans le coaching privé pour aider les footballeurs à développer leurs qualités techniques et mentales. Parmi eux, Sullivan Martinet, joueur expérimenté de N2/N3, fait appel à lui pour perfectionner son jeu et optimiser sa préparation mentale. Ensemble, ils partagent leur vision du coaching personnalisé et son impact sur la performance.

Interview de Patrice Dehez

Bonjour Pitt, peux-tu te présenter ?
Je suis Patrice Dehez, surnommé Pitt. J’ai 28 ans et je suis joueur ainsi qu’éducateur au Stade Bordelais Football.

Comment as-tu commencé le football ?
J’ai commencé à jouer dès l’âge de 4 ans. Mon père était éducateur dans notre club de village, c’est donc tout naturellement que j’ai suivi cette voie.

Comment es-tu venu au coaching ?
Étant dans une filière STAPS, j’ai effectué un stage auprès de l’école de foot de la Jeunesse Villenavaise, un club de la région bordelaise. Nous étions plusieurs joueurs du club à intervenir chaque semaine auprès des plus jeunes catégories. Cette expérience m’a donné le goût du coaching, et dès l’année suivante, j’ai pris en charge une équipe tout en passant mon Brevet de Moniteur de Football.

Pourquoi t’être orienté vers le coaching privé ?
Plus jeune, je m’entraînais souvent seul, en dehors des séances en club, sans réellement savoir si ce que je faisais était pertinent. Passionné par l’apprentissage et la progression, j’ai trouvé intéressant d’accompagner les joueurs et joueuses qui souhaitent s’améliorer. Au départ, j’organisais des séances en petit groupe par plaisir, puis, lors du confinement, j’ai compris qu’il y avait un véritable besoin à combler. Cela fait maintenant quatre ans que je suis dans ce domaine, et j’y prends toujours autant de plaisir.

Combien de joueurs accompagnes-tu actuellement ?
Difficile de donner un chiffre précis. Entre ceux que je suis toute l’année, ceux qui viennent sur des cycles spécifiques ou uniquement lors de l’intersaison, je dirais qu’on tourne autour d’une centaine de joueurs.

As-tu toi-même bénéficié d’un coaching individuel ?
Non, je n’ai jamais eu de coach personnel plus jeune. C’est un type d’accompagnement que j’aurais pourtant aimé avoir en complément des séances collectives. Certains éducateurs me proposaient parfois des entraînements individualisés, mais c’était très ponctuel.

Comment t’es-tu fait connaître ?
Principalement grâce au bouche-à-oreille. D’une séance à l’autre, les joueurs et leurs parents ont contribué à élargir mon réseau. Ensuite, j’ai commencé à partager du contenu de mes séances sur les réseaux sociaux, ce qui a permis de toucher un plus large public.

Justement, comment utilises-tu les réseaux sociaux pour promouvoir ton activité ?
J’essaie d’être actif sur les plateformes majeures. Je mets en avant les joueurs en filmant mes séances et en les publiant sous différents formats sur Instagram, YouTube, TikTok et Facebook. Cela me permet non seulement de valoriser mon travail, mais aussi de montrer l’impact du coaching individuel sur la progression des joueurs.

Comment inciter les jeunes à se faire coacher individuellement ?
L’essentiel est qu’ils prennent du plaisir en séance, qu’ils ressentent leur progression et qu’ils se dépassent. Ce que la plupart recherchent, c’est une attention qu’ils ne trouvent pas dans les entraînements collectifs en club. Mon rôle est donc de perfectionner leurs points forts, d’améliorer leurs points faibles et de renforcer leur confiance, afin qu’ils puissent exprimer pleinement leur potentiel en match.

Comment abordes-tu l’aspect mental avec les joueurs ?
Avant tout, il est essentiel d’avoir un échange approfondi pour établir un diagnostic et comprendre la problématique du joueur. Une fois cette première étape réalisée, j’utilise un livret contenant différents modules et exercices. Cela leur permet d’acquérir un maximum d’outils pour mieux se gérer mentalement, que ce soit dans leur performance sportive ou dans leur quotidien.

Comment ajustes-tu ton approche en fonction de l’âge de tes joueurs ?
J’adapte chaque séance en fonction des besoins et des objectifs du joueur. Ensuite, je module la complexité des exercices selon différents facteurs du moment, afin de garantir une progression adaptée.

Comment évalues-tu la préparation physique et mentale ?
La préparation physique se mesure assez facilement grâce aux sensations du joueur, à sa capacité à répéter les efforts et aux statistiques athlétiques. Pour l’aspect mental, c’est plus subtil, mais l’indicateur clé reste le ressenti du joueur ainsi que sa compétence à être autonome face aux défis qui lui sont proposés.

Arrives-tu à t’auto-coacher mentalement ?
C’est plus difficile de s’auto-coacher mentalement que de le faire sur le plan pratique, mais oui, j’y parviens.

Le fait d’être coach t’aide-t-il en tant que joueur ?
Oui, énormément. Cela me permet d’affiner mon analyse de l’environnement et ma lecture du jeu pour mieux répondre aux problématiques posées par l’équipe adverse. Mais cela peut aussi être un piège. À force d’analyser tous les détails, la charge mentale devient plus importante, et il arrive que l’on se focalise moins sur sa propre performance.

Interview Sullivan Martinet

Bonjour Sullivan, peux-tu te présenter ?

Je suis Sullivan Martinet, footballeur de 28 ans. J’ai évolué à l’EA Guingamp, Granville, le Stade Bordelais, Compiègne et Lège Cap Ferret, totalisant plus de 200 matchs en N2/N3. En parallèle de ma carrière sportive, je développe depuis 2022 ma passion pour la musique, avec un premier EP de cinq titres sorti à l’été 2023.

Depuis quand es-tu coaché par Pitt ?

Je travaille avec Pitt depuis septembre 2023.

Comment avez-vous commencé à collaborer ?
Pitt et moi sommes amis depuis 2020. J’ai suivi l’évolution de son entreprise PIT Football, en participant à ses séances et stages, et en tournant des vidéos pour promouvoir son activité.
Quand il a intégré la préparation mentale à son accompagnement, ça m’a immédiatement intéressé. J’avais déjà travaillé cet aspect pendant cinq ans, entre mes 18 et 23 ans, avec Fabien Kradra, un coach mental reconnu, notamment au début de ma carrière. Grâce à plus de 100 séances, j’ai acquis des connaissances et développé un véritable savoir-faire dans ce domaine.
Aujourd’hui, je retravaille ces notions avec Pitt, particulièrement via la méthode Target et d’autres exercices que je connais bien. C’est une sorte de rappel qui me sert non seulement dans ma pratique footballistique, mais aussi dans la musique et la vie quotidienne, spécifiquement pour la relaxation, la gestion du stress et des émotions.

En quoi la préparation mentale t’aide-t-elle dans ton jeu ?
Elle me permet de me détacher de l’enjeu, de prendre du recul sur le résultat, et paradoxalement, d’améliorer mes performances. Elle m’aide aussi à mieux gérer mes émotions en match et à appréhender les éléments extérieurs que je ne contrôle pas, pour rester concentré sur moi-même.

J’avais déjà intégré ces principes dans ma routine, mais le fait de les retravailler avec rigueur, à travers des séances hebdomadaires, m’apporte une vraie continuité.

À quelle fréquence suis-tu ses séances ?
Pour la préparation mentale, nous travaillons ensemble chaque semaine. Pour l’aspect technique, cela varie, mais en moyenne, je fais une à deux séances par mois.

Y a-t-il un exercice que tu privilégies ?
Sur le plan technique, je dirais le travail devant le but. Côté mental, c’est davantage le relâchement et la mise en place de routines, comme la relaxation. Savoir lâcher prise, ce n’est pas seulement utile pour le football, c’est essentiel dans la vie de tous les jours.

Interview réalisé par Aurélien


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