Interview de Nakim Youssoufa, joueur d’USR Pertuis, ex international comorien

par Yanis

Après une série d’entretiens avec des entraîneurs, LE MAG DE L’EDUCATEUR redonne la parole aux principaux acteurs du jeu. Nous allons cette fois découvrir le parcours d’un joueur emblématique du football amateur marseillais et ex-international comorien, Nakim Youssoufa.

Bonjour Nakim, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Nakim Youssoufa, j’ai 31 ans. Je suis milieu de terrain et je joue à l’USR Pertuis en Régionale 2.

Quel a été ton parcours en jeune ?
J’ai commencé à l’âge de 6 ans à la SASA Saint-Antoine puis je suis allé à la JSA Saint-Antoine, des clubs de mon secteur. En U13, j’ai rejoint la JO Saint-Gabriel, puis Air Bel en 14 fédéraux où je suis resté 3 ans. J’ai ensuite évolué à l’OM pendant une saison avant de revenir à Air Bel en U19.

Dans ton parcours de jeunes, tu as eu une progression linéaire, as-tu eu à un moment l’ambition de devenir professionnel ?
À partir de 13 ans, oui. De 13 à 19 ans, j’y croyais. D’ailleurs à mes 19 ans, j’ai réussi à signer un contrat professionnel en Italie en Série C, qui correspond à un niveau professionnel là-bas, même si ce n’est pas l’échelon le plus haut.

Si j’avais un an de moins, on m’aurait recruté à la Primavéra de l’Inter Milan 

De Saint-Antoine à la Série C

Justement, comment s’est passée la transition entre les U19 d’Air Bel et Barletta en Série C ?
Des agents me suivaient déjà quand j’étais à Air Bel, ils venaient voir mes matchs et un agent originaire de Paris qui a aimé mon profil m’a envoyé faire des tests en Italie. C’était un match d’essai dans un club, et des recruteurs de plusieurs équipes étaient présents. Un représentant de l’Inter Milan était venu me voir, il m’a demandé mon âge, lorsque je lui ai dit que j’étais né en 1993, il m’a dit que c’était dommage, si j’avais eu un an de moins, il m’aurait recruté pour jouer avec la primavéra. Barletta m’a aussi apprécié, je suis venu faire la préparation estivale là-bas et j’ai signé.

Nakim Youssoufa lors de sa signature au club de Barletta

En Italie, tu as joué à Barletta (Série C) et Triestina (Série D), tu retiens quoi de cette expérience ?
Une très belle expérience ! Un autre football, une autre mentalité. J’ai appris la langue, c’est ce qui est bien aussi. Là-bas c’est de vrais passionnés de foot. J’ai joué en Série C, l’équivalent du National, et parfois, il y avait 10 000 ou 15 000 personnes au stade, chose qu’on ne retrouve pas en France, c’était beau.

Comment tu situerais le niveau que tu as connu en Italie et en France ?
Forcément plus élevé en Italie vu que j’étais à un niveau professionnel, je ne faisais que du football. Ici, je suis amateur, c’est un autre football.

Une belle parenthèse internationale

C’est à cette période que tu as connu la sélection comorienne. Qu’est-ce que cela fait de représenter son pays ?
C’est la plus belle expérience que j’ai vécue. J’ai intégré la sélection juste après le fameux match contre le Burkina Faso à Martigues. J’ai connu plusieurs sélections, la première fois que j’étais dans la liste, c’était face au Kenya. Au total, j’ai été 8 fois dans le groupe (2 apparitions, face au Lesotho et au Ghana NDLR). La dernière fois, c’était face au Ghana où on a réussi à accrocher le nul à domicile 0-0 avant de perdre à l’extérieur 0-2. Je suis rentré en France et blessé au genou, je n’ai plus été appelé par la suite.

Quel a été l’impact de cette blessure ?
Je ne suis plus retourné en sélection à cause de cela. Je jouais en Suisse et je ne suis même pas retourné dans mon club. Le sélectionneur des Comores continuait de m’appeler pour prendre des nouvelles, mais j’ai tardé à reprendre.

C’est donc à cause de cela que tu as signé à Marignane et arrêté de jouer en Suisse ?
Oui, je n’ai pas joué pendant 2 ans et c’est là que j’ai signé à Marignane. J’ai fait 6 mois avec la réserve en R1 avant de monter en équipe première en N2. L’équipe gagnait tous ses matchs et est montée en National en fin de saison. De mon côté, j’ai rejoint le FC Rousset.

Nakim sous les couleurs de Rousset, qu’il a porté 6 ans

Quel a été ton parcours au sein du FC Rousset où tu es resté 6 ans ?
J’y ai signé en 2018, en R2. On a fait deux montées de suite pour se retrouver en N3. Quand je suis arrivé, c’était très familial avec beaucoup d’anciens, une vraie équipe de collègues. Après bien sûr en montant en R1 puis N3, il a fallu plus de rigueur, plus d’entraînement, ce qui est normal. Il y a eu beaucoup de coaches différents. Quand je suis arrivé il y avait de super infrastructures toutes neuves. Je suis resté très proche de joueurs du club.

« L’enchaînement des bonnes performances, c’est ce qui m’a manqué »

Tu as souvent évolué à de très bons niveaux amateurs, qu’est-ce qui t’a manqué à ton sens pour faire une carrière professionnelle ?
Pour moi, c’est la régularité. L’enchaînement des bonnes performances, c’est ce qui m’a manqué, je pense. Toute ma carrière cela s’est passé comme ça, je pouvais faire des excellents matchs puis faire des matchs moyens juste après et ainsi de suite. Je pense que pour aller plus haut, il faut être plus régulier.

À quel moment tu situes ta meilleure période en club ?
En Italie. J’étais vraiment très en forme. Physiquement, j’étais au top. Ma dernière année à Air Bel aussi, en U19.

Cette saison, tu as commencé avec le SMUC (R1), et tu es maintenant à l’USR Pertuis (R2), comment cela s’est fait ?
Un entraîneur que j’avais eu à Marignane, Thierry Seretta, m’avait déjà contacté cet été sans que cela se fasse, j’avais donc signé au SMUC. Il m’a rappelé par la suite et fait une belle offre, c’est comme cela que je me suis retrouvé à Pertuis.

Tu t’es blessé pendant le tournoi de la Hcup 2024 (déchirure), es-tu complétement rétabli ?
C’était quand même une grosse déchirure. J’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre, presque 3 mois, mais là, je suis rétabli et à 100%.

À quel poste joues-tu et quel est ton profil sur le terrain ?
Je suis milieu défensif, numéro 6. Plus jeune, j’étais milieu relayeur aussi. J’ai reculé avec le temps, aujourd’hui, je préfère jouer devant la défense. J’aime bien faire le jeu, faire jouer l’équipe et bien sûr récupérer des ballons.

Un taulier de La Viste

Tu es très impliqué dans le football dans ton quartier de La Viste, tu as gagné la dernière Hcup, tournoi auquel vous participez depuis 2021, quel est ton rôle dans l’équipe ?
Je suis un peu l’ancien, le grand frère, la référence quand ça parle de football. J’ai toujours été impliqué dans le football dans mon quartier et le représentant au niveau de ce sport.

Nakim lors de la finale de la Hcup 2024 au vélodrome (victoire 5-1 de La Viste)

Y a-t-il des joueurs de La Viste qui jouent à haut niveau ?
En professionnel à l’heure actuelle, non. Mais il y en a plusieurs en centre de formation. Notamment un à l’Olympique Lyonnais et deux autres à l’OGC Nice. Dont Yacine Haddad, né en 2006.

Pour revenir à le Hcup, vous l’avez gagnée au vélodrome, quelle sensation cela procure ?
Un pur bonheur évidemment. Juste le fait d’aller jouer au vélodrome, c’était une victoire. On est arrivé en finale avec l’unique intention de prendre du plaisir. Que l’on gagne ou que l’on perde, c’était déjà incroyable, on n’avait pas de pression. Après bien sûr, on a remporté le trophée, c’est encore mieux ! Dommage, on n’a pas pu faire la fête sur place, mais on a bien profité du moment. Depuis la 1ʳᵉ participation, on espérait l’emporter, et c’est arrivé la meilleure année, au Stade Vélodrome.

La Viste a toujours été connue à Marseille pour ces évènements footballistiques. Je me suis donc senti obligé de reprendre le flambeau .

Tu es aussi l’organisateur du tournoi « La coupe du monde La Viste », explique-nous le concept du tournoi et d’où t’es venue l’idée ?
Je suis issu d’une cité où il y a toujours eu de gros tournois. Les générations d’avant en faisaient déjà, le dernier en date est celui de Jean-Pierre Mendy, « C’est beau un monde qui jouer la nuit ». La Viste a toujours été connue à Marseille pour ces évènements footballistiques. Je me suis donc senti obligé de reprendre le flambeau. J’ai eu l’idée avec les CAN des quartiers qui s’organisaient, notamment en Île-de-France, mais à Marseille il y a moins de nationalités africaines, j’ai donc fait la Coupe du monde. Ça a créé un bel engouement, donc je continue.

Comment tu vois la suite après ta carrière de joueur ?
Je me pose la question tous les jours. Je ne me vois pas trop entraîneur, même si on me dit souvent de passer mes diplômes et que j’ai beaucoup à transmettre. Je sais que je veux rester dans le domaine du football, car j’ai fait cela toute ma vie et que j’aime énormément ce sport, mais je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je me verrai peut-être directeur sportif car je m’intéresse beaucoup aux jeunes et au recrutement. Par exemple, lorsque j’étais à Rousset, j’ai participé à la venue de plusieurs joueurs. D’ailleurs, c’était prévu que je passe directeur sportif quand j’arrête, mais malheureusement cela ne s’est pas très bien fini.

ITW réalisé par Yanis
Retrouvez Nakim Youssoufa sur les réseaux : Instagram

Related Posts

Laisser un commentaire