Interview de Landry Nkulu, joueur de Trélissac en N2

De Asnières à Trelissac

par Le Mag de l'Educateur

Landry Nkulu, actuel joueur de Trelissac accorde une interview au Mag de l’Educateur où nous retraçons son parcours à ses débuts au FC Asnières jusqu’à Trélissac.

Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Landry Nkulu, j’ai 26 ans, et actuellement, je joue au sein du Trélissac Football Club, situé près de Bordeaux, en National 2. J’ai été formé en tant que milieu défensif, mais à l’heure actuelle, je joue en tant que piston au sein de mon club.

Parle nous de tes débuts dans le football

J’ai commencé à jouer au foot au FC Asnières, le club de ma ville. J’ai commencé en benjamin (9-11 ans), et j’ai joué pour eux jusqu’en U17, principalement dans les divisions de district et régional.

Quels souvenirs particuliers gardes-tu de cette période ?

Mes années au FC Asnières représentent mes meilleurs souvenirs. C’était l’époque du football insouciant, de l’ambiance dans les vestiaires, des trajets en bus, et des moments après les matchs, où nous mangions tous ensemble. Ces souvenirs sont vraiment parmi les meilleurs. À cette époque, on joue au football sans pression particulière, du moins en ce qui me concerne. On joue pour notre ville et pour le simple plaisir du jeu. De plus, j’ai eu la chance d’avoir un entraîneur des U15 ou U17 qui a énormément contribué à mon développement, et je n’en garde que d’excellents souvenirs.

Durant cette période, as-tu participé à des détections pour des clubs ?

Pas vraiment. En fait, c’est moi qui ai frappé à la porte des clubs. Par exemple, lors de la catégorie U17, nous avons réalisé un excellent parcours en coupe des Hauts-de-Seine, atteignant les demi-finales. Lors de ce match, plusieurs clubs étaient présents, et curieusement, ils ont repéré tous mes amis, sauf moi. J’avais l’habitude de m’entraîner avec eux dans leur club. Un jour, j’ai accompagné un ami à une séance d’entraînement à l’Athletic Club Boulogne Billancourt (ACBB), et c’est ainsi que j’ai fini par signer chez eux.

Quelle équipe as-tu intégrée à ce moment-là ?

J’avais initialement passé des essais avec l’équipe des U19 R1, mais l’entraîneur estimait que je n’étais pas encore prêt. Par conséquent, j’ai intégré l’équipe des U19 R3. Nous avons réalisé une excellente saison, manquant de peu la montée. Par la suite, l’entraîneur des U19 R1 a quitté ses fonctions, et c’est l’entraîneur des U19 R3 qui a repris l’équipe R1. J’ai été promu en R1 avec lui, et cette saison a été un défi, car nous avons connu une descente, mais je garde malgré tout de bons souvenirs, car c’était ma première expérience à un niveau très compétitif.

Ce fut un défi ! C’était vraiment difficile, car c’était la première fois que je quittais mon environnement. De plus, je suis arrivé à Saint-Malo avec une blessure due à la Coupe d’Afrique des Nations d’Asnières (rires)

Comment s’est déroulée ton intégration dans l’équipe senior ?

Après mon passage en R1, j’ai participé à des détections pour l’équipe réserve de la N2, sous la houlette de l’entraîneur Gilles Bibe, qui me connaissait bien. Il m’a fait galérer, j’ai participé à toutes les sélections jusqu’au dernier jour. Ces détections étaient destinées à renforcer l’équipe réserve de la N2, et aucun joueur de l’équipe R1 qui était descendu n’a été retenu, à l’exception de trois joueurs, dont moi. Je pense qu’il cherchait à nous pousser à bout pour que nous quittions le club. La veille de la fin des détections, il m’a fait comprendre qu’il ne comptait pas sur moi, et j’ai dû choisir entre rester dans ces conditions ou partir. C’est mon ancien entraîneur d’Asnières qui m’a conseillé de rester, et c’est ce que j’ai fait.

La suite de ton parcours a été marquée par des expériences difficiles. Comment cela s’est-il passé pour toi ?

J’ai intégré l’équipe réserve, mais je n’ai pas eu l’occasion de participer aux matchs amicaux. De temps en temps, je jouais avec l’équipe 3, qui évoluait en district. Puis, un jour, l’entraîneur m’a appelé pour disputer un match de coupe avec l’équipe réserve. J’ai réalisé une grosse performance, et à partir de ce moment-là, je suis devenu titulaire de l’équipe. En fin de saison, lors du dernier mois, quatre d’entre nous ont été promus au groupe de la N2.

La saison suivante, j’ai intégré le groupe de la N2, mais malheureusement, j’ai connu une saison blanche, sans jouer du tout. J’effectuais les entraînements avec la N2, mais mes apparitions en match se limitaient à l’équipe réserve, évoluant en R3.

À ce stade de ton parcours, comment te sentais-tu mentalement ?

Je me suis découvert et j’ai compris que ma présence signifiait que j’avais déjà un bon niveau. Autour de moi, il y avait des joueurs qui avaient évolué à des niveaux plus élevés, mais je pouvais les affronter sans complexe. Au cours de cette saison, j’ai beaucoup progressé, et vers la fin de l’année, l’entraîneur m’a demandé de faire un choix concernant mon travail, car je travaillais en parallèle. J’avais anticipé cette question et trouvé un emploi qui me permettrait de mieux concilier mon travail avec les exigences du club.

Malgré une saison sans jouer, tu as choisi de rester.

Le coach souhaitait me garder. Bien que, au début de la saison, je n’aie pas du tout joué jusqu’à novembre, lors d’une trêve, nous avons joué un match amical contre la réserve de l’AJ Auxerre. J’ai réalisé une belle performance, ce qui a convaincu le coach de me titulariser lors du match suivant contre Suresnes. J’ai de nouveau fait une grosse prestation, et à partir de ce moment, je suis resté dans le onze de départ. Malheureusement, l’équipe a connu une descente, ce qui a rendu la situation difficile pour le club, et j’ai finalement quitté l’équipe à la fin de la saison.

Ensuite, tu as rejoint Saint-Malo en National 2. Comment as-tu saisi cette opportunité ?

Un de mes coéquipiers à l’ACBB, qui connaissait l’entraîneur de Saint-Malo, m’a informé qu’ils étaient à la recherche d’un milieu défensif. Comme il avait signé avec Fleury, il m’a recommandé auprès du coach de Saint-Malo. L’entretien s’est bien déroulé, et j’ai immédiatement accepté l’offre.

Tu as quitté la région parisienne pour jouer en province. Peux-tu nous expliquer les différences entre ton expérience à l’ACBB et celle à Saint-Malo ?

C’était une expérience totalement différente. À Saint-Malo, on te faisait comprendre que tu étais un footballeur à part entière. Par exemple, contrairement à la région parisienne, je n’avais plus besoin de travailler à côté du football. Nous avions des entraînements tous les matins, et il y avait des kinésithérapeutes, des médecins, des ostéopathes à notre disposition. Même si le niveau était considéré comme amateur ou semi-professionnel, la réalité était bien plus professionnelle. Les terrains étaient d’excellente qualité, et nous attirions presque 1000 spectateurs à chaque match. C’était une expérience radicalement différente de tout ce que j’avais connu auparavant.

Tu as donc apprécié cette expérience ?

Ce fut un défi ! C’était vraiment difficile, car c’était la première fois que je quittais mon environnement. De plus, je suis arrivé à Saint-Malo avec une blessure due à la Coupe d’Afrique des Nations d’Asnières (rires). À l’hôpital, on m’a dit que c’était une simple entorse. Cependant, une fois à Saint-Malo, les douleurs persistaient, et le coach m’a recommandé de consulter un chirurgien, qui a confirmé que j’avais besoin d’une opération. Cela a rendu la situation encore plus difficile, car j’ai manqué la première partie de la saison, et j’ai dû rester sur place, me sentant souvent seul. J’ai repris l’entraînement en décembre, mais je n’ai pas joué immédiatement. Lors du premier match que j’ai disputé, j’ai réalisé une excellente performance, mais malheureusement, la saison a été interrompue en raison du COVID-19. La saison suivante, j’ai enchaîné les matchs, mais une nouvelle fois, la COVID-19 a mis un terme à la saison et à mon aventure à Saint-Malo. Malgré tous ces défis, ces expériences m’ont permis de grandir sur le plan humain.

Après ton passage à Saint-Malo, tu as évolué pendant un an à Sannois Saint-Gratien avant de retourner en province à Trélissac en National 2. Pourquoi ce choix ?

Ce choix était délibéré de ma part. En région parisienne, il y a de nombreux facteurs qui font que tu es contraint de travailler en parallèle du football. Je cherchais à retrouver cet aspect professionnel que j’avais connu à Saint-Malo.

Landry Nkulu Le Mag de l'Educateur

Landry Nkulu, photo prise par DL/ Rémi Philippon

Tu as commencé à Trélissac en tant que milieu défensif, mais tu évolues désormais en tant que piston droit. Comment est né ce changement de poste ?

Au début de la saison, j’évoluais au milieu de terrain et enchaînais de bonnes performances. Malheureusement, l’équipe ne remportait aucun match, ce qui a incité l’entraîneur à réduire mon temps de jeu et à ne plus me convoquer dans le groupe. Cependant, lors d’un match amical contre les Girondins de Bordeaux, notre équipe manquait de joueurs pour le poste d’arrière droit. J’ai joué à ce poste et cela s’est avéré concluant. En seconde partie de saison, l’entraîneur a opté pour un système en 3-5-2, et le piston droit s’est blessé, mettant fin à sa saison. Un joueur a été recruté pour le remplacer, mais il n’a pas répondu aux attentes. Le coach a alors décidé de me placer en tant que piston droit lors d’un match, et j’ai marqué. Par la suite, j’ai enchaîné avec un but et deux passes décisives au cours des trois matchs suivants, et l’équipe a réalisé une excellente seconde moitié de saison, se classant en tête (sur la deuxième moitié). C’est ainsi que je suis resté à ce poste.

Comment as-tu adapté tes qualités de milieu défensif à ton nouveau rôle de piston droit ?

Ce fut un défi, surtout en ce qui concerne les sprints. En tant que milieu défensif, je n’avais pas l’habitude de réaliser des sprints ou des efforts à haute intensité. J’ai été surpris par la nécessité de répéter ces efforts, mais j’ai réussi à m’adapter rapidement. De plus, le coach demandait aux pistons de ne pas rester sur la ligne et de jouer vers l’intérieur, tandis que les attaquants devaient se tenir sur la ligne, créant ainsi un déséquilibre chez nos adversaires.

Y a-t-il eu une continuité dans le style de jeu de l’équipe lors de cette deuxième saison, même si les résultats ne sont pas encore au rendez-vous ?

Notre style de jeu est resté inchangé. Le coach a conservé 80 % du groupe, mais nous avons accueilli 5 nouvelles recrues, ce qui nécessite un certain temps d’adaptation. La composition et le style de jeu demeurent les mêmes, et le groupe est de la même qualité, voire meilleur que l’année précédente, donc nous devons être patients.

Quels sont tes objectifs et perspectives de carrière ?

L’objectif est clair, j’aspire à atteindre des niveaux plus élevés, que ce soit immédiatement ou à terme. Je ne me fixe pas de date limite, je suis quelqu’un de persévérant. J’ai consenti de nombreux sacrifices pour en arriver là où je suis, et ce n’est pas le moment d’abandonner. Même si les choses ne se concrétisent pas, je ferai tout en mon pouvoir pour y parvenir.

À ton niveau, quel regard portes-tu sur le football amateur ?

Il est intéressant de constater que, même à notre niveau, nous avons l’opportunité de côtoyer des joueurs ayant évolué en Ligue 1 et en Ligue 2. Cela nous permet de nous rendre compte que nous pouvons nous mesurer à eux. Pour moi, le football amateur à ce niveau représente une fusion entre ceux qui ont évolué au plus haut niveau et ceux qui ont joué à un niveau inférieur. L’écart entre ces deux sphères est minime, mais il est indéniable que nous avons encore des lacunes à combler pour atteindre les sommets. Je pars du principe que si tu n’es pas encore à ce niveau, c’est qu’il te manque encore quelque chose. L’opportunité de s’entraîner aux côtés de joueurs ayant évolué à un niveau supérieur est enrichissante, car ils sont en mesure de partager leurs précieux conseils. Qui sait, si demain une Ligue 3 voit le jour, cet écart risque de se réduire encore davantage (rires)!

Dans le Mag de l’Éducateur, nous avons l’habitude de demander à nos invités de partager une anecdote, un fait marquant ou quelque chose qui a marqué leur parcours.

Un souvenir remonte à mon passage à l’ACBB. Nous avons joué contre la réserve de Lorient, et de l’autre côté du terrain se trouvait Enzo Le Fée, franchement ce joueur c’était trop, c’était vraiment trop ! À l’époque, Maxime Partouche, coéquipier à l’ACBB, avait été averti par Mickael Landreau, qui était présent pour regarder le match, (qu’il avait côtoyé au PSG et qui était alors l’entraîneur de l’équipe professionnelle du FC Lorient), de la présence de ce talentueux joueur en réserve. Maxime m’a transmis cette information, en me recommandant d’être vigilant étant donné que j’étais numéro 6 et Enzo numéro 10 je n’ai pas vu le ballon de tout le match ! Il ne m’a pas à mis l’amende non plus (rires) ! Mais le ballon dans ses pieds ça allait trop vite, toujours un coup d’avance, et sa vision du jeu était exceptionnelle. Il ne se livrait pas à des dribbles comme passements de jambes ou autres, mais sa maîtrise du ballon était impressionnante.

Interview réalisé par Nicolas

Related Posts

Laisser un commentaire